Lorsque l’on souhaite changer leur alimentation, pour éviter d’éventuels problèmes digestifs, les chiens, et surtout les chats ont besoin d’une transition. Il faut passer progressivement de l’ancienne à la nouvelle alimentation. C’est conseillé pour passer d’une marque de croquettes à une autre, mais encore plus pour passer d’une alimentation carnée, à végétalienne. Cette transition permet également à l’animal de se familiariser avec le nouvel aliment, dans le cas où il serait réticent à la nouveauté.
Méthode type :
Pour cela, il est conseillé de suivre le schéma ci-dessus et de donner à l’animal environ 3/4 de l’ancienne alimentation, et 1/4 de la nouvelle. Puis plus tard 1/2 de chaque, puis 1/4 de l’ancienne et 3/4 de la nouvelle. Ne pas presser les choses, rester attentif à la santé de l’animal, surveiller les selles, l’état général, l’absence de démangeaisons (et le ph urinaire chez les chats males en particulier, voir notre page sur les problèmes urinaires). Il est recommandé d’augmenter la durée de la transition pour les chats (voir en détails plus bas), mais le principe reste le même : donner chaque jour un peu plus du nouvel aliment que de l’ancien.
Digestion :
Un animal auparavant nourri avec des aliments carnés aura besoin d’une transition alimentaire plus ou moins longue selon les cas. Une ou deux semaines suffisent en général pour un chien et compter un peu plus pour un chat ; tout dépend de sa sensibilité digestive, et également de la différence entre les anciens et nouveaux aliments.
Pour un chien/chat qui passe d’une alimentation à base de viande crue, à des croquettes ou pâtée maison végétalienne, il sera souvent nécessaire de faire une transition plus longue que pour un chien qui passe de croquettes carnées standard (contenant déjà une part souvent importante de végétaux) à des croquettes 100% végétales.
Ce temps est nécessaire pour que la flore intestinale de l’animal ait le temps de s’ajuster à cette nouvelle alimentation.
Si l’animal a des difficultés lors de la transition, on peut donner « Prozyme plus » un complément alimentaire d’enzymes digestives qui va aider le transit et la flore (en vente sur le site de Compassion Circle) ou un produit similaire. Ce complément peut aussi se poursuivre par la suite mais n’est pas obligatoire.
Consultez aussi notre page « problèmes éventuels rencontrés ».
Appétence :
Certains animaux sont plus réticents que d’autres à goûter de nouveaux aliments, quelques conseils :
Quand vous donnez la gamelle, prenez un air joyeux, comme si vous alliez donner une friandise, ce coup de bluff fonctionne pas mal en général chez les chiens (astuce valable aussi parfois pour donner un médicament). Pour certains animaux d’une nature anxieuse, au contraire ne montrez aucun changement, et agissez comme d’habitude. Si l’animal refuse malgré tout de goûter la nouvelle alimentation, vous pouvez la passer au mixeur avec l’ancienne (en réalisant la transition), l’humidifier, la tiédir, ou encore y ajouter un filet d’huile végétale (olive par exemple) et un peu de levure maltée en paillettes (voir photo ci-contre) ou Vegeyeast, une levure spécifiquement formulée pour les chats/chiens.
On peut aussi incorporer des paillettes d’algues qui donnent du goût, ou encore réaliser une sauce que l’on mélange à sa nourriture, en mixant des légumes cuits (patate douce, carottes, potirons…) avec un peu d’eau.
Attention ! La levure maltée en paillettes (appelée aussi levure nutritionnelle, levure alimentaire ou nutritional yeast) n’a rien à voir avec de la levure de boulanger ou levure chimique, qui ne doit jamais être donnée à un animal.
Les habitudes alimentaires sont parfois très ancrées chez certains animaux, qui craignent de manger des aliments nouveaux, voici donc une citation tirée de « Diététique du chien & du chat de R. Wolter », cité dans l’article de David Olivier, qui illustre bien ce propos :
« Les préférences acquises au moment du sevrage découlent normalement de l’imitation du comportement maternel dans le choix des aliments à partir de l’âge de 5 à 7 semaines. Ainsi, les jeunes carnivores s’habituent-ils à consommer les aliments maternels, même si ceux-ci ne sont pas les plus courants, et conservent durablement les mêmes goûts. Par exemple, des chatons dont la mère a été entraînée à ne consommer que de la banane ou des pommes de terre, n’acceptent que ces aliments et négligent la viande.
Ce conditionnement alimentaire inculqué dès la fin de l’allaitement est particulièrement tenace chez le chat qui est capable de se tenir à une consommation très exclusive, par exemple a base de foie de bœuf qui l’expose à une hypervitaminose A, en refusant une alimentation qui lui est inhabituelle. Toutefois, en ambiance sereine, le chat goûte volontiers des aliments nouveaux, quitte à revenir ensuite à sa ration préférée. »Diététique du chien & du chat de R. Wolter
Donc, le chat préfère manger ce qu’il a toujours mangé, même si cela est très mauvais pour lui. Pour lui faire changer d’habitude, il faut parfois un certain temps. »
En résumé si votre animal ne veut pas au premier abord de la nourriture végétalienne que vous lui proposez, ce n’est pas forcément une question de préférence personnelle (comme celle d’un adulte qui après les avoir goûtés déclarerait qu’il n’aime pas les choux de Bruxelles) mais simplement une méfiance envers l’inconnu. Bien sûr un animal peut tout comme nous développer des préférences ou de l’aversion pour certains aliments après y avoir goûté, mais il est très rare qu’il n’apprécie aucun aliment végétalien existant (différentes marques de croquettes, pâtées, alimentation ménagère complémentée).
Plus d’informations sur la fixation des habitudes alimentaires et la néophobie, ou l’aversion alimentaire acquise, dans les notes en bas de page (* et **).
En pratique : explications détaillées selon les espèces :
Pour les chiens : Pesez-le, notez le poids et la date ; si possible faites-le chez votre vétérinaire, ainsi vous pourrez lui demander si le poids est correct pour sa morphologie (ne faites pas de changement alimentaire sans l’avis de votre vétérinaire sur un animal en mauvaise santé, en gestation, ou allaitement ou encore en période de stress important). Puis commencez la transition (en suivant les conseils donnés plus haut). Si au début il trie et laisse de côté le nouvel aliment, continuez jusqu’à arriver à 100% de nourriture végétale dans la gamelle. Ne vous alarmez pas si votre chien ne mange presque rien au départ, et ne tentez pas de le forcer. Essayez juste les conseils donnés plus haut (ajout d’un peu de levure maltée et d’huile, tiédir la nourriture, etc.) et rangez au frigo ce qu’il n’aura pas consommé. Vous pourrez éventuellement le lui resservir le lendemain (sortez-le du frigo un peu avant), s’il ne mange toujours pas jetez-le, la nourriture ne sera plus assez fraîche. En général un chien difficile va en manger juste un peu, faire mine de trier, et attendre que vous lui donniez autre chose, ne cédez pas. Surveillez attentivement son poids qui ne doit pas trop baisser bien sûr.
Un chien en bonne santé ne se laissera pas mourir de faim. Il fait probablement simplement preuve de néophobie (peur de la nouveauté – voir note en bas de page).
Il est également possible de changer de marque de croquettes véganes, il en existe de nombreuses pour les chiens, certaines étant largement préférées à d’autres.
Si votre chien est réticent, n’abandonnez pas ; ce n’est pas qu’il n’aime pas la nourriture végétale, c’est juste qu’il ne la connait pas et s’en méfie. Cela ne l’empêchera pas quelque temps plus tard une fois qu’il y aura goûté et que son goût aura évolué, de sauter devant sa gamelle de croquettes véganes, ou de se régaler d’un morceau de carotte en friandise.
Si par contre dès lors que vous ajouter le nouvel aliment, l’animal a de gros problèmes digestifs persistants, même après changement de marque (et que cela ne vient pas de parasites intestinaux ou autre cause externe à l’alimentation), n’insistez pas et revenez à une alimentation qu’il digérait bien. Certains animaux peuvent être intolérants à certains ingrédients, vous pourrez éventuellement essayer d’autres marques par la suite.
Cas particulier : pour un chien qui n’a pas de problème de digestion, et/ou dont vous ne connaissez pas la précédente alimentation, vous pouvez essayer de passer directement à une alimentation végétale. Cependant si les excréments n’ont pas une consistance optimale (bien moulées, pas trop molles) il sera préférable de revenir en arrière et faire une transition classique.
Pour les chats : C’est très différent, la transition doit être encore plus progressive (par exemple 9/10ème des anciennes croquettes + 1/10ème des nouvelles, puis 8/10ème des anciennes, et 2/10ème des nouvelles…etc), en suivant les conseils donnés plus haut (ajouter un peu de levure maltée et d’huile, réchauffer doucement …etc.), mais surtout si l’animal refuse totalement de manger on doit s’inquiéter à partir de 24h. Les chats contrairement à la plupart des chiens peuvent se laisser dépérir, et surtout au bout de quelques temps sans manger peuvent développer une lipidose hépatique, soyez donc très vigilants, changez de marque d’aliments véganes si le chat n’aime pas celle que vous lui avez donnée, refaites la transition encore plus doucement, revenez un peu en arrière dans celle-ci, mais surtout ne le laissez pas jeûner plus de 24h. Autre lien concernant le changement alimentaire pour les chats.
Si dès lors que vous ajouter le nouvel aliment, l’animal a des problèmes digestifs persistants, même après changement de marque (et que cela ne vient pas de parasites intestinaux ou autre cause externe à l’alimentation), n’insistez pas et revenez à une alimentation qu’il digérait bien. Certains animaux peuvent être intolérants à certains ingrédients, vous pourrez éventuellement essayer d’autres marques par la suite.
A noter également : les croquettes qui ne sont pas consommées rapidement devront être jetées, les chats sont en général très sensibles à la fraîcheur de leurs aliments.
3 techniques pour traiter la néophobie (rejet d’un aliment nouveau)
Ces suggestions sont efficaces chez certains chats (ou chiens) :
- 1. Continuer à proposer le nouvel aliment tous les jours pendant au moins trois jours (produit frais à chaque fois), même si le chat refuse au début.
- 2. Placer un morceau du nouvel aliment dans la gueule du chat, pour qu’il puisse le goûter.
- 3. S’il s’agit d’un produit humide, en étaler un peu sur les pattes avant du chat. Il aura tendance à se lécher et pourra se familiariser avec l’aliment. »
(S’il s’agit de croquettes, vous pouvez faire de même en mixant ces dernières avec un peu d’eau et de levure maltée.) Encyclopédie de la nutrition clinique Féline
Fixation des habitudes alimentaires et néophobie
La néophobie constitue le contraire de la néophilie : elle correspond au rejet d’un aliment nouveau.
Ayant pour conséquence la « fixation des habitudes alimentaires », la néophobie est souvent relatée par les propriétaires de certains chats. Ce comportement fait partie d’une stratégie de sélection alimentaire.Manger des aliments inconnus peut être risqué. Malgré tout, les carnivores sauvages montrent une tendance plus néophilique que néophobique (Thorne, 1982). Dans les conditions domestiques, la néo-phobie apparaît lorsque les repas sont servis dans des conditions inhabituelles (Thorne, 1982) ou si l’animal est stressé (Bradshaw, 1991).
Il arrive qu’un chat n’accepte de manger qu’un seul type d’aliment et rejette tous les autres. Ce comportement est peu probable si, pendant son jeune âge, il a consommé des aliments complets et équilibrés, de saveurs et de textures variées. La volonté d’essayer de nouveaux aliments et les préférences alimentaires peuvent ainsi être influencées par la mère et les conditions de sevrage : les chatons nourris depuis le sevrage avec le même aliment à base de céréales le préfèrent à des boîtes de thon pourtant classiquement considérées comme plus appétentes.
La néophobie et la non reconnaissance du caractère comestible d’un aliment (Bradshaw et coll, 2000) existent à des degrés divers. Plus le régime est stable, plus la néophobie est persistante.La modification du régime alimentaire d’un chat est parfois imposée par des raisons médicales. L’animal l’acceptera plus facilement si la texture et la présentation de l’aliment prescrit ressemblent à celles de l’aliment habituel. La transition alimentaire doit se faire sur une semaine, en diminuant progressivement la proportion de l’aliment habituel dans le mélange des deux. Dans certains cas, proposer le nouvel aliment à côté de l’ancien peut aussi faciliter le processus. Il est quelquefois nécessaire de substituer un aliment humide par un aliment sec ou inversement. Ceci est plus difficile car beaucoup de chats ont des préférences marquées pour certaines formes et/ou textures alimentaires. Lorsque c’est possible, le réchauffage de l’aliment permet d’en rehausser les arômes en vue d’augmenter l’appétence.
Il faut généralement quelques jours pour surmonter une néophobie et que l’animal accepte de consommer le nouvel aliment (Cheney et Miller, 1997). Le sujet doit d’abord s’habituer à l’odeur et au goût. Dans une étude chez le chat, Bradshaw(1986) montre que la néophobie disparaît après le 3e jour de présentation d’un l’aliment à l’agneau. Elle réapparaît cependant trois mois après si les félins n’ont pas régulièrement été exposés au nouvel aliment. Il est possible de lutter contre la néophobie en utilisant de l’eau aromatisée avec le nouvel aliment. Le rejet est alors beaucoup moins fréquent que lorsque l’aliment est présenté seul.
Le passage à un nouvel aliment pendant des circonstances stressantes pour le chat (douleur, maladie, éloignement du propriétaire, hospitalisation, etc.) augmente le risque de développement d’une néophobie (par un processus d’aversion acquise). Il est donc recommandé de toujours pratiquer une transition alimentaire dans un environnement sécurisant et gratifiant pour l’individu.
Aversions acquises
L’aversion est une stratégie utilisée par les animaux pour éviter les aliments qui leur sont inadaptés. C’est une forme de conditionnement négatif. Si l’odeur de l’aliment est associée à un stress, à une expérience déplaisante (hospitalisation, administration forcée ou cachée d’un médicament) ou à problème digestif (intoxication, allergie), le produit est ensuite évité : ce phénomène s’appelle l’aversion (Cheney et Miller,1997).Chez les chats, ce phénomène se met très vite en place. Un seul repas associé à une sensation négative entraîne le refus de s’alimenter. Cette réaction peut persister pendant 40 jours (Bradshaw et coll, 1996) voire davantage (Mugford, 1977). La seule odeur d’un aliment associé à des troubles digestifs peut suffire. Les chats peuvent même refuser leur aliment habituel s’il est servi en présence de l’odeur d’un autre produit pour lequel ils ont déjà développé une aversion (Mugford, 1977). En pratique, il vaut donc mieux préparer les repas des animaux hospitalisés hors de leur présence car les odeurs qui circulent peuvent favoriser les réactions d’aversion. » Encyclopédie de la nutrition clinique Féline
Important ! Les conseils donnés ici sont valables pour les chiens et chats, concernant les autres animaux, consultez les pages qui leur sont dédiées. Si vous rencontrez des difficultés, vous pouvez venir en parler sur notre groupe Facebook.
* Comportement alimentaire du chat par D. Horwitz, Y. Soulard et A. Junien-Castagna
** L’apprentissage par l’imitation.