Il s’agit d’un point sur lequel même les personnes favorables à une alimentation végétalienne pour chien et chat, ne tombent pas souvent d’accord.
Les arguments avancés sont souvent les mêmes que dans beaucoup de débats « c’est naturel », « c’est leur instinct »…
Là encore il ne s’agit pas de pas trancher impulsivement, mais de considérer la situation dans son ensemble, point par point, et sous différents angles.
Protection des individus
La prédation est le moyen de survivre pour les carnivores/omnivores sauvages, c’est tuer ou mourir de faim.
Certains sont partisans de laisser leur chat chasser puisque « c’est la nature ». On peut considérer que le phénomène de prédation entre un lion et une antilope « c’est la nature » comme dit plus haut. Alors pourquoi ce ne serait pas la même chose entre un chat domestique et un oiseau ?
Le problème est justement le terme « domestique ». Dans la nature les prédateurs sont confrontés à des difficultés, il sont sujets aux maladies, aux blessures infligées par leurs congénères ou leurs proies en se défendant, le froid, les parasites, etc.
Et les proies ont elles aussi leurs lots de difficultés. Ils sont en quelque sorte sur un pied d’égalité concernant la survie. Le prédateur sauvage n’a pas d’autre choix que de tuer pour survivre, et sa proie potentielle doit lutter si elle veut sauver sa vie.
En tant que végane il est difficile de juger ou interférer. Si on souhaite sauver la proie il nous faudrait donner une ration végétale équivalente et adaptée au prédateur pour ne pas favoriser l’un au dépend de l’autre et donc faire preuve de spécisme. Et quand bien même nous pourrions mettre cette solution en pratique (ce qui semble impossible à grande échelle) se poserait la question de la faillibilité (voir à ce sujet le livre Zoopolis de Donaldson et Kymlicka et en lecture libre : « Quels droits politiques pour les animaux, introduction à Zoopolis » d’Estiva Reus).
Le principe de faillibilité dit que les écosystèmes sont des architectures bien trop complexes pour que l’humain puisse y opérer des « interventions correctrices » d’envergure sans risquer de dérèglement majeur. Zoopolis, de Will Kymlicka et Sue Donaldson
Autrement dit : sommes-nous capables de cerner les tenants et aboutissants de la complexité de la vie des animaux sauvages, et en intervenant, de ne pas nuire à qui que ce soit ? C’est peu probable. Cet article de Valéry Schollaert, ornithologue, traite aussi de la question.
Le chat domestique lui, vit dans nos maisons, il profite de la chaleur, est nourri, a des soins vétérinaires, des vaccins, il est protégé des parasites et vers intestinaux, il a de l’eau à volonté… ; tandis que sa proie, oiseau ou rongeur rencontre toutes les difficultés propres aux animaux sauvages. L’équilibre des chances est totalement biaisé par l’intervention humaine. Il est évident que le chat a bien plus de chance que sa proie, occupée à assurer sa survie, qu’il va tuer par jeu ou par « instinct », ce qui amène au point suivant.
Protection de la biodiversité
Comme vu plus haut, le chat est clairement avantagé par rapport à ses proies, il a également une durée de vie près de deux fois supérieure à ce qu’elle serait sans intervention humaine. Et du fait de la non-stérilisation de la plupart des chats, ils sont très très nombreux (12,7 millions en France en 2015). L’impact de ceux-ci sur la biodiversité est donc conséquent, à tel point que la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) a lancé une étude sur le sujet en France (toujours en cours). Par ailleurs, selon une étude américaine de 2013 : « les 160 millions de chats du pays tuent chaque année entre 1,4 et 3,7 milliards d’oiseaux, et entre 6,9 et 20,7 milliards de petits mammifères ».
Ce prédateur aurait contribué à 33 des 238 extinctions globales d’oiseaux, de mammifères et de reptiles enregistrées par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).” Cette même organisation le classe d’ailleurs parmi les 100 espèces les plus envahissantes et les plus redoutables du monde.
La prédation importante des chats sur les animaux sauvages est un fait avéré. Plus de 11% des animaux accueillis en Centres de Sauvegarde LPO en 2017 sont des animaux blessés par des chats : 84% sont des oiseaux, 16% sont des mammifères ou des reptiles. Et bien sûr ces 11% ne sont que la partie immergée, puisqu’il s’agit seulement de ceux qui ont survécu, et ont été trouvés par des humains qui ont pris la peine de les emmener en centre de soin. LPO, ligue pour la protection des oiseaux.
Un chat domestique qui chasse pose un autre problème, il entre en concurrence avec d’autres prédateurs (ou chats errants), qui eux le font pour survivre.
La question de l’instinct
Instinct :
– Ensemble des comportements animaux ou humains, caractéristiques d’une espèce, transmis par voie génétique et qui s’exprime en l’absence d’apprentissage.
– Impulsion innée, automatique et invariable qui régit le comportement de tous les individus d’une même espèce. Définition du dictionnaire Larousse
Nous rejoignons ici le paragraphe sur la nature, exposé plus longuement sur notre page des idées reçues et arguments. Pourquoi devrions nous respecter l’instinct du chat ou chien concernant de la prédation, et pas sur d’autres points ?
Il est aussi par exemple dans l’instinct de la plupart des mâles non castrés de marquer leur territoire avec des jets d’urine très odorants et en griffant des objets.
Et si on décide de respecter « l’instinct » des animaux vivants sous notre toit, comme certains chiens ont tendance à chasser les chats ou les poules, doit on les laisser faire également ?
Pour quelle raison certains animaux bénéficieraient t-ils de notre protection vis à vis des chiens (par exemple), tandis que les chats devraient être laissés libres de tuer des animaux sauvages sans nécessité ?
En conclusion pour la protection des individus « proies potentielles », des prédateurs sauvages, et de la biodiversité, on peut au moins essayer de limiter les dégâts occasionnés par les animaux qui vivent sous notre toit.
Des solutions pour les chats
La plupart des attaques des chats sur les proies, ont lieu le matin (oiseaux), ou la nuit (rongeurs), on peut donc déjà facilement essayer de limiter les risques en évitant de laisser sortir nos chats à ces horaires là, ainsi qu’aux périodes de vulnérabilité des oiseaux, ceux où les jeunes sortent des nids, pendant les grands froids, fortes pluies …etc. Voir aussi cette vidéo de la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux). Concernant le jeu qui y est abordé, voir le paragraphe plus bas « les alternatives ».
Si cela ne suffit pas, il existe des solutions pour avertir les proies de la présence du chat ; une clochette accrochée au collier peut fonctionner partiellement, mais souvent les chats s’adaptent et réussissent à chasser malgré tout. Il y a alors un nouvel outil, une collerette multicolore à accrocher au collier lors des sorties.
Attention ! Pour ces deux méthodes il faut impérativement un collier spécifique anti-étranglement, formulé pour s’ouvrir dès qu’une pression est exercée (si le chat se coince). Il existe aussi des systèmes dits « anti-étranglement » composé en partie d’un élastique, attention cela ne semble pas suffire pour éviter tout incident, prenez bien le modèle à clip (photo à gauche).
La clochette se fixe ensuite sur le collier, et le collier se glisse dans la collerette multicolore. La photo de droite illustre bien le système, qui peut être acheté ici, ou réalisé facilement soi-même avec un tissu de couleur vive en ajoutant de préférence des bordures réfléchissantes.
Attention ! Outre le fait d’acheter un collier anti-étranglement, et de tester son fonctionnement avant de le mettre au chat, il est important de ne le mettre que pour les sorties, pour lui éviter le bruit de la clochette trop longtemps.
Les propriétaires de chats ayant tendance à chasser, devraient aussi éviter de nourrir les oiseaux/rongeurs dans leur jardin ou dans les environs afin d’éviter d’attirer ces derniers. Du fait d’une nourriture abondante ils seraient tentés de venir nicher à côté et deviendraient des proies pour les chats de la maison. Sinon il est possible d’utiliser des solution proposées dans cette vidéo de la LPO :
Une vétérinaire nous a écrit pour partager le système qu’elle a mis en place dans son jardin, avec tout simplement des parapluies placés sous les mangeoires à oiseaux.
Pour plus d’efficacité, lorsque l’arbre permet au chat de grimper, utiliser des cercles avec picots à fixer sur le tronc.Vous trouverez d’ailleurs ces systèmes de prévention en vente sur le site de la LPO
Si toutes ces solutions ne suffisent pas, il est également possible pour ceux qui disposent d’un jardin, de construire un parc à chat extérieur grillagé, aussi appelé « Catio » afin que le chat puisse profiter de l’extérieur en toute sécurité pour lui comme pour les animaux sauvages. Vous trouverez de nombreuses astuces pour une telle construction sur internet, par exemple les groupes Facebook « Enclos, abris et chatterie », « Chats – jardins et balcons sécurisés » ou « Cattery Installations » (en anglais). Cette solution est également vivement recommandée pour ceux qui habitent près de routes très fréquentées ou de zones de chasse, pour la sécurité du chat.
Solutions pour les chiens
Avant tout tant que le chien n’est pas éduqué correctement au rappel, il convient pour sa sécurité ainsi que pour la sécurité des autres, de ne pas le détacher. Non seulement pour éviter la prédation, mais également les accidents.
Éducation : D’abord en faisant des exercices en longe ou laisse très longue, il est possible de l’éduquer à revenir vers vous malgré la tentation de courir après un animal, avec des récompenses particulièrement intéressantes pour lui (cubes de tofu fumé, morceaux de fromage végétal, etc – avec modération pour les aliments très caloriques). Ensuite vous pouvez essayer d’anticiper, le rattacher quand vous entendez un bruit. Et si rien de tout cela ne fonctionne, il reste la possibilité de ne le détacher que dans les endroits où il y a très peu de risques de prédation (plages, parc assez fréquenté) et éviter de le faire dans les forêts, champs, etc. Pensez aussi qu’en faisant cela vous protégez aussi votre compagnon ; les chiens qui chassent n’ont parfois pas conscience du danger et peuvent être blessés ou tués par des sangliers, cerfs, renards, chasseurs… ou traverser des routes, se perdre…
Voir aussi notre page sur l’éducation positive.
Les alternatives
Que ce soit pour les chats ou pour les chiens, certains pensent que les jeux simulant la prédation peuvent encourager celle-ci en dehors. A chacun de se faire son opinion, chaque animal réagit différemment. Pour les chats qui sortent, il est possible de faire des jeux de distribution alimentaire, comme les balles remplies de croquettes à faire rouler, un bac rempli de balles et de quelques friandises à chercher, ou d’autres impliquant l’odorat ou la vue. Vous trouverez d’autres idées en tapant « jeux occupation chat/chien » dans un moteur de recherche.
Et bien sûr pour les chats qui ne sortent pas il n’y a pas de risque de renforcement de la prédation, on peut alors mettre en place des jeux qui les feront bouger, pour éviter la sédentarité, préjudiciable à leur santé.
Concernant les chiens, de nombreuses activités n’encourageant pas ou peu la prédation sont possibles : cache/cache, jeux de réflexion, rencontres de congénères, etc. Renseignez-vous avant de pratiquer des jeux de balles qui peuvent être nocifs pour les chiens psychologiquement et physiquement, ainsi que d’autres activités de ce type.
Voir aussi notre page sur l’éducation positive et bienveillante.
L’association d’ornithologie AVES (Belgique) cherche de l’aide pour un projet de collier qui enverrait un signal avertissant les proies et leur permettant de fuir.