« Depuis juillet 2018, la FDA (Food and drugs administration – Etats Unis) a annoncé commencer à enquêter sur des cas de cardiomyopathie dilatée canine (DCM) –
syndrome cardiaque très grave – chez des chiens mangeant certains aliments pour animaux de compagnie, dont beaucoup étaient étiquetés comme « sans céréales », qui contenaient une forte proportion de pois, de lentilles, d’autres graines de légumineuses (légumineuses) et/ou de pommes de terre sous diverses formes (entier, farine, protéines, etc.) comme ingrédients principaux (énumérés dans les 10 premiers ingrédients de la liste des ingrédients, avant les vitamines et les minéraux). Beaucoup de ces rapports de cas incluaient des races de chiens dont on ne savait pas auparavant qu’elles avaient une prédisposition génétique à la maladie. »
Depuis, de nombreux articles et études sont sortis à ce sujets, des vétérinaires ont pris position, souvent contre l’utilisation des légumineuses, par principe de précaution, et cela peut se comprendre. Dans une alimentation carnée, il est facile de se passer des légumineuses/pommes de terre, en mettant simplement comme source d’amidon des céréales plus traditionnelles, comme le riz, l’avoine…etc
Dans le cas des aliments végétaliens pour chiens et chats, les légumineuses ne sont pas utilisés que comme source d’amidon mais souvent comme source de protéines. Et sont donc présentes parfois en grande quantité. Il est plus compliqué de s’en passer dans les aliments commerciaux, voir quasiment impossible en alimentation ménagère végétalienne.
En décembre 2022 la FDA a déclaré sur son site qu’elle ne publierait plus d’autres mises à jour publiques « tant qu’il n’y aura pas de nouvelles informations scientifiques significatives à partager ». Le nombre de rapports de cas qui lui ont été soumis a beaucoup chuté, passant de 608 du 1 mai 2019 au 31 juillet 2020, à 255 du 1 août 2020 au 1 novembre 2022. Ce qui ne signifie pas forcément que le nombre de cas diminue, mais qu’ils sont moins envoyés à la FDA.
Un question/réponse est également disponible à ce sujet sur leur site.
Ils déclarent continuer à encourager la recherche dans l’étude de ce lien potentiel entre l’alimentation et cette maladie.
Dans l’état actuel des connaissances, il me semble impossible de certifier ou de rejeter l’existence d’un tel lien et donc d’un danger potentiel pour les chiens à consommer de grandes quantités de légumineuses.
Si vous donnez des aliments du commerce (patées/croquettes) vous pouvez décider de privilégier ceux qui contiennent le moins de légumineuses. Le soja n’a pas été inclus dans les interrogations de la FDA (voir point 6 sur cette page) , vous pouvez donc le privilégier dans les ingrédients, ainsi que les protéines de maïs, de riz, protéines végétales hydrolysées,…etc.
Les pommes de terre et patates douces ont été citées dans les interrogations de la FDA également, mais semblent moins citées que les légumineuses.
Concernant les préparations ménagères, vous pouvez choisir les recettes à base de protéines de soja texturées, de tofu, seitan, plutôt que celles à base de lentilles ou de pois. Dans tous les cas rappelons que l’utilisation des rations ménagères est plus à risque de carences selon les vétérinaires, et que si vous souhaitez en préparer vous devez suivre des recettes précises et supplémentées, comme ici pour les chiens.
Vous trouverez ci-dessous quelques sources positives comme négatives, concernant le lien entre les légumineuses et d’éventuels problèmes cardiaques, surtout chez le chien mais aussi chez le chat.
Je vous invite à les lire afin de vous faire un avis, et d’en parler avec votre vétérinaire. Il est également possible de demander à ce dernier si une complémentation préventive en taurine/L-carnitine peut être intéressante à envisager, selon la race, et l’alimentation de l’animal.
Et bien sûr demandez régulièrement à votre vétérinaire de surveiller le cœur de votre chien/chat, dans certains cas de cardiomyopathie dilatée le changement d’alimentation et la médication ont aidé des animaux à récupérer de ce syndrome qui reste souvent fatal à court-moyen terme.
Symptômes
« Les symptômes sont souvent tardifs et peu spécifiques : fatigabilité récente, baisse de l’état général, amaigrissement. Des formes d’emblée graves avec difficulté respiratoire (dyspnée), malaises, ascite, toux, perte d’appétit, … d’apparition brutale, ne sont pas exceptionnelles, en particulier chez le Doberman.
Lors de la consultation, certaines anomalies vont permettre, en général, de suspecter l’évolution d’une affection cardiaque : pouls faible, fréquence cardiaque élevée, rythme cardiaque irrégulier, souffle cardiaque, … »
- Etudes et articles qui alertent sur un lien possible entre la Cardiomyopathie dilatée (DCM) et les alimentations riches en légumineuses (sauf le soja) – non exhaustif
Questions/réponses de la FDA concernant le DCM non héréditaire et ses possibles liens avec les alimentations riches en légumineuses (sauf le soja)
Article de Charlotte Devaux (vétérinaire nutritionniste) qui déconseille les légumineuses chez le chien en raison d’études montrant un lien avec la cardiomyopathie dilatée (DCM) et chez le chat en raison d’un potentiel surpoids plus important chez ceux qui en consomment, et une paroi du ventricule gauche plus mince.
L’article cite les études suivantes :
Etude de Lisa Freeman (12/22) : “Comparaison des mesures échocardiographiques et des biomarqueurs cardiaques chez des chiens en bonne santé mangeant des régimes non traditionnels ou traditionnels”
Sur 46 chiens, la moitié avec une alimentation classique, l’autre avec des légumineuses dans les ingrédients principaux “Les chiens mangeant de la viande crue ou des régimes végétariens ont été exclus de l’étude”
Conclusions et importance clinique
“Les chiens en bonne santé mangeant des régimes non traditionnels avaient des indices de fonction systolique plus faibles et des volumes ventriculaires gauches plus importants que les chiens mangeant des régimes traditionnels. Le dépistage de chiens apparemment en bonne santé mangeant des régimes non traditionnels pourrait permettre une détection précoce du DCM associé au régime alimentaire.”
Etude de AL Marcheur, TC DeFrancesco, JD Bonagura (…) 2021
Association du régime alimentaire aux résultats cliniques chez les chiens atteints de cardiomyopathie dilatée et d’insuffisance cardiaque congestive
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33741312/
Etude sur 67 chiens atteint de DCM
“Conclusions : Les chiens alimentés sans céréales avant l’étude, qui ont survécu au moins une semaine après le diagnostic de DCM, le traitement de l’ICC et le changement de régime ont eu de meilleurs résultats cliniques et ont montré un remodelage ventriculaire inverse par rapport aux chiens nourris de façon classique auparavant. “
Etude de Lisa Freeman 12/2018
“Cardiomyopathie dilatée liée à l’alimentation chez le chien : que sait-on ?”
Etat des lieux des possibles liens entre DCM et alimentation alternative
Etude de Lisa Freeman 12/2020
Etude rétrospective de la cardiomyopathie dilatée chez le chien
“Conclusions et importance clinique
Les chiens atteints de DCM qui mangent des régimes non traditionnels peuvent constater une amélioration de la fonction cardiaque après un changement de régime, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour examiner les associations possibles entre le régime alimentaire et le DCM.”
Etude Shelby I Karpe, Lisa M Freeman, John E Rush 02/2023
“Comparison of echocardiography, biomarkers and taurine concentrations in cats eating high- or low-pulse diets”
“Conclusions and relevance: This study did not detect significant associations between high-pulse diets and cardiac size, function and biomarkers, but the secondary observation of significant negative correlations between time on high-pulse diets and left ventricular wall thickness warrants further evaluation.”
Etude de Darcy-Adin, Teresa C DeFrancesco, Bruce Keen (12/2018)
Le phénotype échocardiographique de la cardiomyopathie dilatée canine diffère en fonction du type de régime (analyse rétrospective de 48 chiens atteints de DCM avec antécédents alimentaires connus )
Conclusions : Le DCM associé à l’alimentation se produit avec certains régimes sans gluten et peut s’améliorer avec la gestion nutritionnelle, y compris le changement de régime. Le rôle de la supplémentation en taurine, même sans carence, est incertain.
Etude de Chloe Quilliam, Luciana G. Reis, Yikai Ren (05/2023)
Effets d’un essai d’alimentation de 28 jours de régimes contenant des céréales par rapport à des régimes à base de légumineuses sur la fonction cardiaque, les niveaux de taurine et la digestibilité chez les chiens domestiques
- Etudes et articles qui mettent en doute ou rejettent le lien possible entre la Cardiomyopathie dilatée (DCM) et les alimentations riches en légumineuses (sauf le soja) – non exhaustif
étude de Pawanpreet Singh,Sydney Banton,Chari Raheb (05/2023)
“The Pulse of It: Dietary Inclusion of Up to 45% Whole Pulse Ingredients with Chicken Meal and Pea Starch in a Complete and Balanced Diet Does Not Affect Cardiac Function, Fasted Sulfur Amino Acid Status, or Other Gross Measures of Health in Adult Dogs”
Affirme à l’inverse qu’après 20 semaines d’alimentation riche en protéines de pois (et viande) la fonction cardiaque des 28 huskies ne s’est pas dégradée
L’étude de Andrew Knight, Eason Huang, Nicholas Rai, Hazel Brown (2022) « Vegan versus meat-based dog food: Guardian-reported indicators of health »
Ne semble pas montrer plus de problèmes cardiaques de ce type chez les chiens nourris de façon végétalienne, que chez ceux nourris de façon traditionnelle.