Un chat ou un chien végétalien, pourquoi ?
Idées reçues et arguments
Les débats sur le sujet lorsqu’il est abordé dans une conversation sur internet ou ailleurs sont souvent très virulents. Chacun campe sur ses positions sans vouloir en changer, comme une dissonance cognitive par procuration. On retrouve même chez certains végétariens ou véganes, les mêmes arguments que ceux avancés par les omnivores pour justifier leurs choix alimentaires (« c’est la nature » ou bien « on a toujours fait comme cela »). Nous allons passer en revue la plupart des idées reçues et arguments.
Même si votre opinion est contraire, il est important de toujours rester ouvert, laisser mûrir sa réflexion avant de réagir, et se renseigner, par exemple auprès de scientifiques ayant étudié le sujet ou de personnes qui connaissent bien ce mode d’alimentation.
Idée reçue n°1 : « Les chats et chiens sont carnivores, ils doivent manger de la viande »
Le régime alimentaire d’un animal carnivore, omnivore ou herbivore, signifie qu’à l’état sauvage l’animal va consommer majoritairement un type d’aliment. Il est à même de consommer et d’assimiler ces aliments bruts. Le chat est capable d’extraire des nutriments de la viande crue, tandis qu’il aurait bien du mal à en extraire de pois chiche crus par exemple. Là-dessus nous sommes d’accord, un chat est carnivore ; et pour le chien omnivore ou carnivore (il n’y a pas vraiment de consensus là-dessus).
Mais quand nous parlons d’alimenter un chat/chien de façon végétalienne, nous ne parlons pas de lui donner des aliments végétaux bruts, et qu’il se débrouille pour en extraire quelque chose de nutritif, nous parlons d’aliments ou extraits d’aliments (par exemple les protéines de pois), sélectionnés de façon à les rendre assimilables (par la cuisson, l’extraction, l’extrusion…etc), et complémentés en vitamines et minéraux essentiels pour leur espèce.
Certaines de ces vitamines, minéraux ou acides aminés (micro-nutriments), ne peuvent pas être trouvés dans les végétaux – exemple la taurine, L-carnitine, vitamine B12… une formulation de synthèse est donc nécessaire (produite en laboratoire par des bactéries pour la B12 par exemple). Les vitamines et minéraux contenus dans les aliments commerciaux carnés pour chiens et chats ont d’ailleurs souvent la même origine.
Il est à noter également que certaines croquettes carnées présentes sur le marché contiennent peu d’ingrédients d’origine animale (parfois 4% seulement – il suffit de regarder la composition et l’ordre des ingrédients). C’est pourtant avec ce type de croquettes que sont nourris de nombreux chiens et chats.
Et enfin certains animaux sortent du cadre de leur classification, tel le panda. Son système digestif semble être celui du carnivore ; il est d’ailleurs de la famille des ours. Il ne possède pas les enzymes classiques de la dégradation de la cellulose, et pourtant se nourrit presque exclusivement de bambou. Les gènes responsables du goût auraient évolué chez les pandas, leur faisant préférer le bambou à la viande.
Idée reçue n°2 : « Ce n’est pas naturel pour un chien ou un chat d’être végétarien »
L’appel à la nature (ou sophisme naturaliste) revient beaucoup sur le devant de la scène depuis quelques dizaines d’années. Une des théories que l’on pourrait avancer afin d’expliquer cela, pourrait être la suivante : l’homme constatant les problèmes qu’il a causés (notamment environnementaux – et donc à la nature) et le degré d’industrialisation de notre alimentation, éprouve peut être une envie de « réparer » les dommages, de revenir en arrière, aux origines, bref revenir à la nature, vue comme revêtant une forme d’idéal ou de pureté.
C’est certainement une bonne chose dans certains domaines, mais lorsque nous parlons de suivre la nature, nous sommes très sélectifs. Tout d’abord il faut définir ce qui est naturel, ce qui n’est déjà pas quelque chose d’évident : le chien par exemple, est-il lui-même naturel ?
Les scientifiques pensent que le loup fait partie de ses ancêtres, mais ne connaissent pas encore son évolution précise.
La « nature » par ailleurs n’a visiblement pas pour but que les animaux vivent le plus longtemps possible, mais juste le temps de pouvoir se reproduire une fois ou plus (et dans le cas des mammifères, élever ses petits). Par exemple le chat sauvage a une espérance de vie d’environ 10 ans, souvent beaucoup moins ; tandis que le chat domestique (qui dans environ 95% des cas est nourri à base de croquettes/pâtée du commerce) vit entre 12 et 18 ans.
- Est-il naturel pour un chien/chat de vivre dans une maison/appartement ?
- D’avoir des soins vétérinaires ? des vaccins ? de prendre des médicaments ?
- D’être protégé contre les parasites et les prédateurs ?
- D’être castré/stérilisé ?
- D’être nourri et abreuvé par l’homme ?
- De faire ses besoins dans une litière ?
- D’être parfois lavé, toiletté ?
- De ne pas vivre en totale liberté toute la journée ?
- De ne pas avoir le droit de chasser ? (par exemple nous interdisons à nos chiens de tuer des chats)
- Est-ce naturel pour un chat par exemple de manger des vaches ? des poissons de haute mer ? des cochons ?
Bien sûr, non, tout cela n’est pas naturel. Pourtant nous le faisons car depuis le moment où nous les adoptons, nous devons choisir pour eux. Et nous essayons de faire au mieux, dans leur intérêt (par exemple soins vétérinaires pour leur santé), dans notre intérêt (interdire à l’animal de faire ses besoins n’importe où), et dans l’intérêt des autres animaux (empêcher le chien de tuer le chat du voisin).
Alors pourquoi notre compassion s’arrête-t-elle au chat du voisin ? Pourquoi ne pas l’élargir aux vaches, cochons, poules, poissons ? Ces animaux ont pourtant une envie de vivre égale à celle d’un chien ou d’un chat. Ils ressentent la souffrance de la même façon.
Pourquoi décider que l’argument de « l’appel à la nature » est valable pour l’alimentation de nos animaux mais pas pour les autres aspects de leur vie ? Ce n’est pas la nature des animaux que nous adoptons qui devrait être le plus important, mais leur bien être physique et psychologique, ainsi que celui des autres animaux.
Pour aller plus loin :
- Traduction en Français du texte de Tobias Leenaert sur la souffrance des animaux sauvages et le questionnement qu’il amène dans le véganisme.
- Traduction d’un texte de Vincent Berraud « Quel monde merveilleux quand on a pas à craindre la nature ».
- Une vidéo de la chaîne « Chaînons manquants » qui revient sur l’idée de « la loi de la nature ».
- Un article qui rappelle à ceux qui idéalisent la nature, la réalité que subissent de nombreuses espèces et individus (viols, infanticides, cannibalisme, etc.)
Idée reçue n°3 : « Ne pas respecter la nature de carnivore de son chien/chat c’est de la maltraitance-ou du spécisme »
« La maltraitance est un mauvais traitement (occasionnel, durable ou répété) infligé à une personne (ou un groupe) que l’on traite avec violence, mépris, ou indignité. La maltraitance implique un rapport de pouvoir ou domination entre l’auteur et la victime, qui est ainsi souvent dépendante et sans défense. Liée à l’abus de pouvoir, la maltraitance a fréquemment des conséquences durables sur la santé non seulement physiologique mais aussi psychique des victimes, dues au traumatisme moral. »
« Spécisme : le spécisme (ou espécisme) est à l’espèce ce que le racisme est à la race, et ce que le sexisme est au sexe : une discrimination basée sur l’espèce, presque toujours en faveur des membres de l’espèce humaine (Homo sapiens). »
On peut considérer malheureusement que les animaux domestiques sont dans un état de dépendance alimentaire (au moins partielle) vis à vis de nous. Cependant la maltraitance serait de nourrir nos animaux de telle façon que nous les rendrions malades, ou que nous raccourcirions leur durée de vie, ce qui n’est bien sûr pas le cas avec une alimentation végétalienne correctement formulée. Au contraire nous veillons à répondre à leurs besoins nutritionnels, avec tous les nutriments, acides aminés, vitamines et minéraux, de qualité bio-disponible et en quantité appropriée à leur espèce. Nous veillons également à une bonne digestion, et nous réagissons à tout problème de santé.
Quant au spécisme, décider que le droit d’un chien ou d’un chat, à manger d’autres animaux (ou parties d’animaux), est supérieur à celui de ces autres animaux, à disposer de leur vie et ne pas être tués, semble bien justement relever de cette définition. Même si dans ce cas précis ce n’est pas totalement en faveur de l’espèce humaine, c’est décidé par l’humain, en faveur d’un animal qu’il a lui-même choisi de favoriser par rapport à un autre, simplement car il apprécie sa compagnie.
Idée reçue n°4 : « Être végé/végane c’est respecter les animaux, donc nourrir un chat ou un chien de façon végétale ce n’est pas le respecter »
La question là encore est de savoir quel animal on respecte ? Pourquoi décider que respecter la « nature » de carnivore de notre chien ou chat, est plus importante que respecter le droit de vivre d’une vache, un cochon ou une poule ?
Dans la mesure où une alimentation végétalienne bien menée leur apporte une santé et une longévité équivalente, cela reviendrait pour un humain omnivore à dire : « j’ai été élevé de façon omnivore par mes parents, respecte ma nature d’omnivore et laisse moi manger des animaux » la différence c’est que finalement l’animal qui passe de croquettes carnées à croquettes végé (par exemple), aura encore moins d’effort à faire pour réaliser une transition, puisque manger des aliments carnés n’est pas un choix conscient (ils sont nourris par les humains). Le véganisme c’est essayer de réduire les souffrances. Quelle est donc la plus grande souffrance : changer d’alimentation (en restant en bonne santé) ? Ou être tué pour nourrir quelqu’un d’autre ?
Idée reçue n°5 : « Les chiens et chats sont carnivores, s’ils ne sont pas nourris avec une alimentation physiologique (viande crue) ils vont développer des maladies sur la durée »
En fait les chiens et chats n’ont jamais eu une aussi longue espérance de vie. Celle-ci est due notamment aux progrès vétérinaires et à la stérilisation, mais l’alimentation rentre en compte également. Si les céréales par exemple étaient vraiment si nocives pour eux que le pensent certains, de manière logique l’espérance de vie n’aurait pas évolué de cette façon.
Ainsi, selon certaines études les chats vivaient en moyenne 6,2 ans en 1982, 9,2 ans en 1996 et 11,1 ans en 2005. Durant cette même période, les chiens ont augmenté leur espérance de vie de plus de 2 ans, cette dernière passant de 9,5 à 11,9 ans.
Autre point, éthique celui ci, les déchets de viande achetés aux chiens et chats par les amateurs de barf, sont vendus par les abattoirs (avec des intermédiaires bien sûr) et participent donc aux bénéfices de cette industrie et l’encouragent. Quand une partie du corps des animaux ne trouve plus d’acheteur, les prix augmentent, rendant plus difficile l’achat par le plus grand nombre et contribuant à l’échec de ce système. Le barf est le mode d’alimentation qui occasionne le plus de victimes animales. Près de 100% de la nourriture quotidienne des chiens et chats nourris de cette façon provient d’animaux « de boucherie ». Ce pourcentage est plus faible dans les croquettes carnées (variable selon les fabricants). Si tous les chats et chiens étaient nourris de cette façon, les « déchets » de l’industrie de la viande produite pour les humains ne suffiraient plus. Il faudrait alors tuer encore plus d’animaux, ce qui serait désastreux sur le plan éthique comme sur le plan environnemental.
Idée reçue n°6 : Arguments anti-céréales/amidon : « Les céréales sont des poisons pour les carnivores » ou bien « on a toujours nourri les chiens et chats avec de la viande »
Les chiens par exemple ont évolué au côté de l’homme depuis 40 000 ans environ. Ils sont désormais bien loin des loups, leurs probables ancêtres. On se rend compte de manière flagrante du chemin parcouru en observant certaines races, caniches, chihuahua ou Yorkshire (par exemple). Comment peut-on penser qu’avec de tels changements externes, leur système digestif, lui n’aurait pas du tout évolué ? La consommation de viande par l’homme en grande quantité est récente, auparavant les protéines animales étaient consommées occasionnellement car plus coûteuses. Comment penser alors, qu’en des époques où le chien était considéré comme un simple outil, les humains se seraient privés de viande pour en donner aux chiens ? La littérature rapporte une utilisation du pain pour nourrir les chiens depuis le IIème siècle déjà. Depuis lors et jusqu’à l’invention des croquettes, les chiens ont été nourris en grande partie de pain, ou de restes, et parfois seulement d’un peu de déchets de viande.
Selon une étude parue dans la revue scientifique « Nature » les chercheurs en sont arrivés à la conclusion que c’est la capacité à digérer l’amidon qui a opéré une sélection naturelle ; de l’ancêtre du chien, à ceux que nous côtoyons actuellement.
« Si le chien s’est distingué du loup, c’est donc grâce à l’amidon qu’il a appris à digérer ».
« Nous apportons la preuve que (ce processus) s’est accompagné de la sélection de trois gènes (AMY2B, MGAM et SLGT1) qui jouent un rôle clé dans la digestion de l’amidon», écrivent les auteurs. En permettant une meilleure expression de certaines enzymes digestives, ces gènes donnent au chien la possibilité d’assimiler ce glucide complexe et d’en tirer parti sur le plan nutritionnel. »Université suédoise d’Uppsala
Si le chien a l’anatomie d’un carnivore strict il n’en a plus le métabolisme. Quant aux chats, si le changement d’alimentation est plus récent, ils tolèrent cependant l’amidon également puisque la totalité des croquettes en contiennent.
Bien sûr chaque chien/chat (comme chaque être humain) a des particularités digestives ; comme nous ils peuvent être intolérants au gluten, au soja, avoir des allergies ou intolérances alimentaires… Il existe donc plusieurs types d’aliments végétariens pour animaux dont certains sans céréales.
Voir aussi « Quand le développement de l’agriculture influence le génome des chiens » (CNRS) et « L’évolution de notre alimentation a transformé le génome du chien » (Institut de génétique & développement de Rennes).
Idée reçue n°7 : « Les chiens et chats ont de plus en plus de maladies, depuis qu’ils sont nourris avec des croquettes »
Les animaux domestiques étaient auparavant peu ou mal nourris par l’homme (voir pas du tout pour certains), ils consommaient les déchets, aliments peu digestes, peu intéressants sur le plan nutritionnel, et n’étaient pas soignés lorsqu’ils tombaient malades. Leur espérance de vie était bien moindre qu’aujourd’hui. Il est assez logique qu’avec leur alimentation actuelle globalement plus équilibrée et complémentée, en quantité suffisante et avec des soins vétérinaires, leur espérance de vie se soit allongée ; cependant de ce fait, ils atteignent plus souvent un âge où le corps montre des signes de dégénérescence comme le cancer. On peut aussi dire que comme pour nous la pollution et les pesticides jouent un rôle dans le développement de certaines pathologies.
Beaucoup dénoncent aussi à raison les croquettes bas de gamme, vendues en supermarché, contenant des déchets d’abattoir peu intéressants au niveau nutritionnel – voir page 14/15 du journal officiel de l’Union Européenne. Les croquettes végétaliennes ne contiennent pas ce genre de matière première. Il est possible aussi de faire des rations ménagères végétaliennes à condition de respecter des recettes précises et y ajouter des compléments indispensables (Consultez cette page pour les chiens, et celle-ci pour les chats).
Idée reçue n°8 : Arguments anti-soja :
Un certain nombre d’aliments végétaliens pour animaux contiennent du soja. Le soja est une légumineuse (comme les pois chiches ou les lentilles) qui est très bien digérée par la plupart des chiens et chats, et de ce fait souvent utilisé en alimentation animale pour sa forte teneur en protéines. Si toutefois votre animal y est allergique ou intolérant il existe des aliments végétaliens qui n’en contiennent pas.
Pour aller plus loin, mise au point sur les idées reçues, par le Dr Jérôme Bernard Pellet :
Contre argument point par point d’un article contre le soja. Hervé Berbille ingénieur agroalimentaire et « spécialiste » du soja en parle également dans ces vidéos : « Les mensonges du soja sur la santé » , une autre concernant les propriétés du soja et un article. Il explique également qu’on retrouve beaucoup de soja OGM dans l’alimentation du bétail en France (soja importé). Le soja bio ou cultivé en France ne contient pas d’OGM, et le soja Européen est rarement transgénique (liste des pays qui en ont interdit la culture). Une étude sur la digestibilité du soja chez le chien (en Anglais).
Idée reçue n°9 : « Ce mode d’alimentation est récent, l’animal qui vit avec moi n’est pas un cobaye, je ne veux pas expérimenter sur lui »
L’alimentation végétalienne pour chien et chat existe depuis une trentaine d’années : depuis 1986 par exemple pour les compléments nécessaires dans le cadre d’une alimentation végétalienne faite maison : Vegedog et Vegecat ; et 1989 pour la marque de croquettes Evolution Pet Food .
Les personnes qui choisissent ce mode d’alimentation pour leurs compagnons sont généralement des végétariens et végétaliens, qui ont fait ce choix par éthique vis à vis des autres animaux. Ils sont donc souvent très attentifs à la santé de leur chien/chat.
Si ce mode d’alimentation était réellement dangereux pour les chiens et chats, des scandales auraient éclatés, et avec la rapidité d’information que permettent internet et les réseaux sociaux tout le monde en aurait entendu parler. Il existe cependant des rapports de cas cliniques où une pathologie pourrait être liée à l’alimentation (voir notre page études), mais à ce jour cela reste des cas isolés, et le lien avec l’alimentation est difficile à établir avec certitude. Quelques cas d’animaux nourris de façon totalement inappropriée, non complémentés (dans le cas d’alimentation ménagère) ou un cas d’erreur de fabrication dans une usine il y a de nombreuses années ont également été rapportés.
Il existe cependant des précautions à prendre, en particulier pour les chats, que nous expliquons sur cette page. Certaines pathologies nécessitent également des aliments vétérinaires spécifiques qui ne sont pas encore vendus par les marques véganes faute de demande probablement.
Ce site a justement pour but d’apporter à chacun les éléments pour offrir à leur compagnon une alimentation équilibrée et adaptée à ses besoins.
Et même si les études sur le sujet sont encore assez peu nombreuses, s’il n’y a pas de consommateurs de produits végétaliens pour animaux, il n’y aura pas d’études non plus. Là aussi la demande créé l’offre (ou la recherche ici en l’occurrence).
Idée reçue n°10 : « Si vous n’êtes pas capable de donner de la viande à des carnivores adoptez des lapins »
Les personnes qui disent cela considèrent qu’une alimentation végétalienne pour chien et chat n’est pas bonne pour leur santé. Comme nous l’avons vu plus haut, si celle-ci est bien conçue cela ne pose pas de problème dans la majorité des cas. Le choix d’adopter une espèce plutôt qu’une autre, ne se fait pas uniquement sur une question alimentaire, mais d’affinité, de mode de vie, de disponibilité, des autres membres du foyer, etc.
Il y a des contraintes bien différentes dans l’accueil d’un lapin dans de bonnes conditions (en liberté ou semi-liberté, pour son bien être – nécessitant donc d’aménager son intérieur en conséquence) que pour un chat/chien.
Il y a également en France plus de chiens et chats abandonnés, que de lapins ou cochons d’inde (même s’il y en a aussi). Bref à chacun de faire son choix, avec les bons critères. Quel que ce soit l’animal que vous souhaitez accueillir, veillez là aussi à le prendre en refuge ou sauvetage, pas en animaleries, élevages ou portées de particuliers, qui encouragent le commerce d’êtres sensibles.
Idée reçue n°11 : « Si je mets dans une gamelle de la viande et dans l’autre de la nourriture végétalienne, mon chien/chat va manger la viande, ce qui prouve que c’est ce qu’il lui faut »
En fait les chiens et chats ont une préférence pour ce que leur mère leur a appris à manger, puis apprennent à aimer ce que les humains les ont habitués à manger.
Les préférences acquises au moment du sevrage découlent normalement de l’imitation du comportement maternel dans le choix des aliments à partir de l’âge de 5 à 7 semaines. Ainsi, les jeunes carnivores s’habituent-ils à consommer les aliments maternels, même si ceux-ci ne sont pas les plus courants, et conservent durablement les mêmes goûts. Par exemple, des chatons dont la mère a été entraînée à ne consommer que de la banane ou des pommes de terre, n’acceptent que ces aliments et négligent la viande.Extrait de « Diététique du chien & du chat », livre du professeur de diététique animale R. Wolter.
La plupart des chiens nourris aux croquettes ou à la pâtée, se trouvant devant un animal mort et entier, n’auront pas spécialement l’idée de le manger s’ils n’y ont pas été habitués. Par contre devant une tablette de chocolat, la plupart ne résisteront pas (même si c’est un aliment très nocif pour eux).
Il faut combattre l’idée reçue que les chiens et chats auraient un « instinct » leur disant ce qu’il faut manger ou non. Si c’était le cas il n’y aurait pas autant de cas d’empoisonnements accidentel et parfois mortels chaque année, avec du chocolat, des plantes ou des produits ménagers.
Une étude récente confirme ces faits, « (…)les chiens n’ont pas de préférence innée pour les aliments à base d’ingrédients animaux ou végétaux qui imitent les formules commerciales et que toute différence de niveau d’intérêt peut être due à d’autres facteurs tels que la satiété aiguë, les ingrédients individuels ou les techniques de transformation employées pour promouvoir l’apport alimentaire. »
Idée reçue n°12 : « Être vegan est un choix personnel, pourquoi l’imposer à ton chien/chat ? »
Être végane n’est pas un choix personnel comme peut l’être celui de s’habiller en noir plutôt qu’en rose. Le véganisme est un choix politique, le souhait d’un changement profond de société, un pas vers un monde plus juste pour les humains comme pour les animaux non humains, qu’ils soient sauvages, domestiques, ou dits « de ferme ». L’abolition de la peine de mort par exemple n’est pas non plus un choix personnel, pas plus que la condamnation du vol.
Décider de nourrir l’animal qui vit avec nous de façon végane lorsque c’est possible, c’est donc cheminer vers le genre de société que l’on souhaite pour le futur, vers une réduction de la souffrance animale.
Pour en savoir plus : l’article d’Elise Desaulniers
Pour ceux qui pensent que le mieux est encore de laisser leurs animaux chasser, nous avons une page qui traite de la question de la prédation.
Concernant les poissons utilisés pour nourrir les animaux domestiques, voir ce texte de Paul Watson (Sea Shepherd).
A lire également en complément de cette page, le texte très juste de David Olivier (1990) et le livre (en anglais) de Jed Gillen qui traite de l’éthique du véganisme pour les chiens et chats : « Obligate Carnivore Cats, Dogs, and What it Really Means to be vegan (2nd edition) »